sexta-feira, fevereiro 22, 2008

Lindo de morrer!

Porque o fabuloso último post da Jawwa no seu blog me trouxe à memória Camus, procurei nas prateleiras da estante um livro que em tempos idos li com enorme prazer e abri-o ao acaso na página 181, onde encontrei este excerto belíssimo.

«… la terre de l’oubli où chacun était le premier homme, où lui-même avait dû s’élever seul, sans père, n’ayant jamais connu ces moments où le père appelle le fils dont il a attendu qu’il ait l’âge d'écouter, pour lui dire le secret de la famille, ou une ancienne peine, ou l’expérience de sa vie, ces moments où même le ridicule et odieux Polonius devient grand tout à coup en parlant à Laerte, et lui avait eu seize ans et puis vingt ans et personne ne lui avait parlé et il lui avait fallu apprendre seul, grandir seul, en force, en puissance, trouver seul sa morale et sa vérité, à naître enfin comme homme pour ensuite naître encore d’une naissance plus dure, celle qui consiste à naître aux autres, aux femmes, comme tous les hommes nés dans ce pays qui, un par un, essayaient d’apprendre à vivre sans racines et sans foi et qui tous ensemble aujourd’hui où ils risquaient l’anonymat définitif et la perte des seules traces sacrées de leur passage sur cette terre, les dalles illisibles que la nuit avait maintenant recouvertes dans le cimetière, devaient apprendre à naître aux autres, à l’ immense cohue des conquérants maintenant évincés qui les avaient précédés sur cette terre et dont ils devaient reconnaître maintenant la fraternité de race et de destin.»

Le Premier Homme, Albert Camus, Gallimard

6 comentários:

Chat Gris disse...

:)

Teresa David disse...

É sem dúvida muito belo.
Bjs
TD

bettips disse...

Ensinamentos de (sobre)viver.
Sempre actual.
Bj

Anónimo disse...

J'ai toujours trouvé la manière choisie par Camus pour exprimer son Weltschmerz par moments carrément delphique, par d'autres ô si évocatrice de ma vie à moi-même. D'où ma réticence pour relire son ouevre.

jawaa disse...

Camus publicou «L'étranger» em 42 e fez-me nascer. É o «meu» escritor, não me canso de voltar ele.
Obrigada por tuas palavras, nem sei mesmo o que dizer. É excessivo.
Um abraço muito apertado.

mena maya disse...

Fantástico este texto que nos faz pensar na importância das nossas raízes!

Complicado o mundo dos afectos, uns ausentes por força do destino, outros presentes, quase mais valera ausentes...

Beijinho